Sunday, June 11, 2006

Prénoms d'orfèvres

Sur le côté opposé au tranchant de la lame de cinq couteaux en vermeil,sur une largeur inférieure à deux millimètres,apparaissent des poinçons insculpés à Paris en 1786 ou en 1787...Sur la lame,un crest,un animal couronné,un chien à longue crinière dont le corps se termine comme une queue de dauphin,de la bouche de l'animal s'échappent trois traits figurant un crachement comme le faisait cette stupide chatte Isis dite Gazon qui accompagnait Mademoiselle à Crain.Ces couteaux ont vraisemblablement pu appartenir à une famille aristocratique anglaise et devaient faire partie d'un ensemble présenté dans un coffret qui contenaitu une ou deux douzaines de couteaux et couverts à entremets ,un ensemble aujourd'hui introuvable.Le manche des couteaux est ciselé de filets,ils sont très sobres mais sales,la peau de chamois leur fait vite retrouver l'éclat du vermeil d'origine.La loupe est absolument nécessaire pour l'examen des poinçons .Le poinçon de décharge est parfaitement lisible,ce poinçon est apposé l'ouvrage achevé et atteste que l'orfévre s'est acquitté des droits,une tête de perroquet,remplaçant depuis Mars 1786 la tête de paysanne.Puis vient le poinçon de jurande attestant du titre dumétal employé,c'est la lettre P octroyée à la communauté de Paris depuis 1784,lettre accompagnée du millesime(ici 86 et 87),ce qui laisse supposer que la commande a eté exécutée en deux étapes.Une trace laisse apparaître le poinçon de charge,pour cette période et pour les menus ouvrages les L entrelacés,poinçon apposé alors que l'objet est à l'état d'ébauche: par ce poinçon l'orfévre s'engageait à représenter l'ouvrage terminé afin d'acquitter les droits . La difficulté commence avec l' examen du poinçon du maître,le premier poinçon apposé sur l'ouvrage.A Paris et cela depuis le milieu du 16eme siècle,le poinçon de l'orfèvre se présente ainsi:une fleur de lys couronnée accompanée de deux petits points dits grains de remède(allusion à la tolérance du titre), au dessous les initiales du nom et prénoms de l'orfévre accompagnées d'une devise propre à chaque maître ,devise souvent onomastique,ainsi pour Denis Colombier,un oiseau tenant un rameau,pour Guillaume Pigeron,un pigeon,pour Louis Antoine Taillepied, un pied tourné vers la gauche ;pour les menus ouvrages c'est le cas qui nous intéresse la devise était supprimée.Dans les provinces, les poinçons présentaient une plus grande diversité,par exemple à Toulouse,Strasbourg,Perpignan , le nom de l' orfèvre figure en entier.Sur nos lames,on peut lire un E surmonté d'une couronne,le poinçon est incomplet,je ne connais que l'iniale du prénom du maître et l'absence de devise me prive de toute possibilité d'attribution;peut-être sur les autres pièces dispersées,le maître a-t-il apposé la partie droite de son poinçon afin d compléter son identification.Il e me reste plus qu'à rechercher les orfèvres dont le ou les prénoms commencent par la lettre E en activité en 1786 et en 1787:j'en dénombre 27,parmi eux unEloy,un Eloy Denis,un Eloy Louis,un Aymé Antoine:Aymé Antoine Chollet,dont le poinçon est devenuE A C ,puis un Edme Joseph,un Edme Jean,un Edme Pierre, un Edme Louis,les autres se prenomment Etienne.Evidemment pas d'Eugène,d'Ernest ou d'Edouard.......Me voila bien avancé dans ma recherche qui m'afait connaître le nom de rues de Paris aujourd'hui disparues,ainsi Etienne Gondouin est signalé rue du G rand Hurleur(paroisse de Saint Nicolas des Champs),quant à Etienne Joseph Fontaine,les tableaux l'indiquent rue du Petit Lion Saint Sauveur;toutes ces recherches sont vaines,mais la tranche de melon découpée à l'aide d'un de ces couteaux se trouve être sublimée.

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